"Oh ! combien de marins, combien de
capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses
lointaines, Dans ce morne horizon se sont évanouis !"
Victor Hugo
Cette sculpture, incarnant un bateau-phare dont la coque est façonnée en basalte du Puy en Velay, invite à une
contemplation nourrie de paradoxes et de poésie. Une embarcation destinée à flotter est sculptée dans une matière qui défie cette vocation. Cette contradiction
initiale ouvre un dialogue entre l'ancrage et le voyage.
Au cœur de cette navigation conceptuelle se trouve le feu de Saint-Elme, phénomène rare et fascinant, qui couronne
l'œuvre d'une présence éthérée. Traditionnellement observé à la cime des mâts des navires comme une lueur spectrale, ce feu était perçu par les
marins d'antan comme un signe de bonne augure après la tempête; un guide protecteur. Ce signal hypnotique, qui s'ajoute à celui-là même du phare, double
le repère physique d'un repère symbolique.
L'objet navigue entre les dualités: la terre et la mer, le dense et l'intangible, l'obscurité et la lumière, le naturel et l'artificiel. En unité
avec les contraires, la sculpture devient un espace de cristallisation sur la manière dont les éléments apparemment incompatibles peuvent
s'harmoniser en un tout cohérent et poétique; une résonnance à nos voyages personnels à travers tempêtes intérieures et extérieures et accalmies…