XAVIER LAFAYSSE

Sablier

"La plus belle chose que nous puissions éprouver c’est le côté mystérieux de la vie.

C’est le sentiment profond qui se trouve au berceau de l’art et de la science véritables.

Celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement, ni surprise, est pour ainsi dire mort ; ses yeux sont éteints."

Albert Einstein

 "SABLIER" plonge dans les souvenirs d'enfance de l'artiste, marqués par des journées de pêche où les asticots jouaient un rôle central, non pas seulement comme appât, mais comme sujet de fascination. Ces créatures, souvent perçues comme une masse indistincte dans la petite boite du pêcheur, une matière plus qu'une multitude de vies, inspirent une œuvre singulière : un sablier à asticots.
   Cette machine, loin d'être une simple curiosité, est un hommage à la complexité du vivant. Dans sa partie supérieure, au lieu de grains de sable, des asticots s'agitent, attendant de traverser un goulot d'étranglement vers la chambre inférieure. Ce passage, permettant seulement à un asticot à la fois de se frayer un chemin, devient le théâtre d'une lutte silencieuse mais intense, révélant la vie dans ce qui pourrait sembler être une simple matière.
   À travers ce processus, l'observateur est invité à reconnaître l'asticot non comme un élément négligeable, mais comme une entité vivante pleine de détermination et de désir de survie, suscitant ainsi une empathie inattendue pour ces êtres souvent considérés avec dédain.
   L'œuvre est aussi une méditation sur le temps et la mortalité. Le sablier, symbole traditionnel de la fuite inexorable du temps, est ici peuplé d'asticots, futurs artisans de la décomposition et de la renaissance dans le cycle de la vie. Cette dualité rappelle la vanité de nos existences, soulignant à la fois la fragilité et la persistance de la vie dans ses formes les plus simples.
   Sans prétendre directement s'inscrire dans un discours écologique, cette sculpture pose des questions sur notre rapport au vivant et à notre environnement. Chaque asticot, chaque mouche que nous écartons sans réflexion, porte en lui une partie de l'histoire du vivant, nous renvoyant à notre propre place dans l'univers.
   Ainsi, "Sablier" de Xavier Lafaysse n'est pas seulement une exploration de souvenirs personnels ou une réflexion sur le vivant. C'est une vanité contemporaine qui interroge notre rapport à la vie, à la mort, et à tout ce qui est considéré comme insignifiant, nous rappelant la complexité et l'interconnexion de toutes formes de vie.
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